Édition internationale

Croissance, emploi, déficit : l’Espagne confirme son rôle de locomotive en Europe

Bruxelles revoit à la hausse ses prévisions pour l’Espagne, seule grande économie de la zone euro à maintenir une croissance solide, portée par la demande intérieure et l’emploi.

Illustration d'une locomotive stylisée portant le drapeau espagnol, avançant à grande vitesse sur des rails, avec les étoiles du drapeau de l'Union européenne en arrière-plan, symbolisant le rôle de l’Espagne comme moteur économique de la zone euro.Illustration d'une locomotive stylisée portant le drapeau espagnol, avançant à grande vitesse sur des rails, avec les étoiles du drapeau de l'Union européenne en arrière-plan, symbolisant le rôle de l’Espagne comme moteur économique de la zone euro.
DALL·E
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 19 mai 2025, mis à jour le 23 mai 2025

Tandis que l’Europe encaisse le choc des tensions commerciales avec les États-Unis, l’Espagne accélère. À rebours de ses voisins, Madrid voit ses perspectives économiques s’améliorer, dans un climat alourdi par l’escalade tarifaire lancée par Donald Trump. À en croire les prévisions publiées ce lundi, Bruxelles table désormais sur une hausse du PIB espagnol de 2,6 % en 2025, contre 2,3 % estimés à l’automne dernier.

Une performance qui tranche avec l’essoufflement observé sur le continent : l’Allemagne stagne à 0 %, la France plafonne à 0,6 % et l’Italie recule à 0,7 %. En 2026, l’Espagne devrait ralentir, à 2,0 %, mais conserver une avance notable sur ses partenaires, confirmant le rôle de locomotive de la zone euro qu’elle endosse pour la deuxième année consécutive.

 

 

Salaires en hausse, chômage en baisse : l’Espagne garde le cap en 2025

La vigueur de la croissance espagnole repose d’abord sur la solidité de sa demande intérieure. Dopée par un marché du travail en amélioration, une progression des salaires et la mise en œuvre du plan de relance européen, elle constitue le principal levier de l’expansion attendue.

Voitures Sur Route Près Des Bâtiments dans avenue de Madrid en Espagne
Kaique Rocha, Pexels. / Madrid, épicentre politique et financier du pays, incarne le dynamisme économique de l’Espagne.

 

L’investissement privé, soutenu par un environnement de taux plus accommodant et par la bonne santé financière des entreprises, devrait également jouer un rôle moteur dans les trimestres à venir. 

Côté emploi, la dynamique reste robuste : Bruxelles prévoit une hausse de l’emploi de 2,1 % en 2025, suivie d’un ralentissement modéré à 1,6 % en 2026. De quoi faire reculer le taux de chômage à 10,4 %, puis à 9,9 %, des niveaux encore élevés à l’échelle européenne, mais en nette amélioration.

 

 

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Déficit contenu, inflation en repli

Dans une Europe en plein brouillard, l’Espagne garde le volant ferme. Malgré les incertitudes, elle parvient à maintenir ses comptes publics sous contrôle. 

La Commission européenne prévoit un déficit de 2,8 % du PIB en 2025, alourdi par le plan de défense de 10 milliards d’euros annoncé par Pedro Sánchez, mais toujours sous la barre fatidique des 3 % fixée par Bruxelles. En 2026, la trajectoire se redresse : le déficit retomberait à 2,5 %, et la dette publique passerait sous les 101 % du PIB. 

Sur le front des prix, la tendance est aussi favorable. Après avoir atteint 2,9 % en 2024, l’inflation devrait s’établir à 2,3 % en 2025, puis tomber à 1,9 % en 2026, grâce à l’accalmie des prix de l’énergie. 

 


 

L’Espagne remonte dans le classement mondial du FMI 

Ce regain de forme économique se traduit aussi sur la scène internationale. Selon les dernières prévisions du Fonds monétaire international, le PIB nominal de l’Espagne atteindra 1.800 milliards de dollars en 2025, propulsant le pays à la 12e place mondiale, devant le Mexique, la Corée du Sud et l’Australie. Un bond significatif, alors que Madrid n’occupait encore que la 15e position en 2023.

Le FMI prévoit que cette avance sera maintenue jusqu’en 2030, grâce à une croissance démographique soutenue — plus de 3 millions d’habitants supplémentaires attendus d’ici la fin de la décennie — et un léger réveil de la productivité, longtemps à la traîne.

 

 

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L’économie espagnole, locomotive de l’Europe ? 

Mais cette montée en puissance n’efface pas les incertitudes. La Commission européenne rappelle que des risques baissiers pèsent sur la conjoncture : un ralentissement plus marqué de l’activité chez les principaux partenaires commerciaux de l’Espagne, combiné aux tensions tarifaires croissantes avec les États-Unis, pourrait freiner la dynamique. Bruxelles évalue l’impact potentiel de ces tensions entre 0,2 % et 0,6 % de PIB perdu pour la zone euro.

Pour l’heure, Madrid détonne. Tandis que la France plafonne à 0,6 %, que l’Italie ralentit à 0,7 % et que l’Allemagne marque le pas, l’Espagne poursuit sa course en tête, confirmant son retour au premier plan économique européen et mondial.

 

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