Édition internationale

Crise politique, cannabis, tigres, volley, la presse française parle de la Thaïlande

Les tensions entre la Thaïlande et le Cambodge ont débouche sur une crise politique qui passionne la presse française. D’autres sujets plus ou moins légers retiennent aussi son attention.

Revue de presse sur fond de clavierRevue de presse sur fond de clavier
Écrit par Franck STEPLER
Publié le 23 juin 2025


 

Le bureau de l’Agence France Presse en Thaïlande, et son voisin du Cambodge, ne chôment pas par les temps qui courent. Ils sont sur tous les fronts et cela passionne les médias français qui reprennent tous les sujets qui leurs sont proposés, à commencer bien sûr par le différend frontalier entre le Cambodge et la Thaïlande et ses conséquences politiques à Bangkok. France 24 s’est principalement penchée sur les  manifestations massives à Phnom Penh, la capitale cambodgienne. « Portraits de la famille royale, de Hun Sen et Hun Manet, drapeaux frappés du temple d'Angkor... Au rythme de chansons patriotiques, une foule rouge et bleue a défilé mercredi autour du Monument de l'indépendance, au coeur de Phnom Penh.

 

Hun Sen, homme fort du Cambodge
Hun Sen, l’homme fort du Cambodge, tire désormais les ficelles un peu en retrait

 

Pour la première fois depuis la résurgence des frictions fin mai, le conflit, jusque-là contenu à des zones frontalières peu accessibles, a investi en masse les rues de la capitale, marquant le franchissement d'un nouveau jalon dans la démonstration de force qui oppose les deux royaumes. Dans les rues de Phnom Penh, les manifestants ont envoyé « des encouragements et de l'énergie supplémentaire au gouvernement et à nos soldats », s'est félicité Hun Many, fils du dirigeant historique Hun Sen, qui a ouvert la marche aux côtés de moines bouddhistes. « Quand le pays fait face à une menace ou à des insultes, le peuple khmer ne va pas rester immobile, nous nous dresserons dans un esprit d'unité », a insisté le dirigeant, actuellement vice-Premier ministre. »

 

La Première ministre thaïlandaise se bat pour conserver le pouvoir

 

L’AFP et la chaîne qui la reprend passent ensuite côté thaïlandais pour résumer la séquence politique que nous avons évoquée il y a quelques jours, rappelant que tout a commencé par la fuite partielle d’un appel téléphonique entre la Première ministre thaïlandaise et le puissant dirigeant khmer Hun Sen qui, après quarante ans de pouvoir, nous rappelle-t-on, a cédé les rênes en 2023 à son fils Hun Manet, conservant pour sa part la présidence du Sénat. Depuis, Paetongtarn Shinawatra se bat pour conserver le pouvoir. France 24, citant l’AFP, explique que « la cheffe du gouvernement thaïlandais a accusé son interlocuteur d'être à l'origine de la fuite. « Il est clair que son intention est de gagner en popularité, sans se soucier des conséquences sur les relations internationales », a-t-elle asséné. De son côté, l'ancien dirigeant a nié avoir publié l'enregistrement, tout en admettant avoir partagé avec « environ 80 personnes », dont des députés et des militaires, sa conversation avec Paetongtarn, survenue dimanche (15 juin, ndlr) ».

 

« Une tactique de négociation », selon Paetongtarn Shinawatra

 

Mais que contenait donc cet appel de si inaudible ? Deux choses qui ne passent pas côté thaïlandais et sur lesquelles insiste notamment Le Parisien en ouverture de son article. « La Première ministre thaïlandaise, Paetongtarn Shinawatra, a qualifié un haut gradé de l’armée d’« opposant » pendant son appel téléphonique avec un ancien dirigeant cambodgien qu’elle qualifiait d’« oncle ». » Marquer sa déférence envers « l’ennemi » et se fâcher avec sa propre armée qui a tellement de poids dans le pays, cela valait une petite séance d’excuses de la part de la Première ministre. Pas sûr pourtant que cela suffise à lui permettre de se maintenait au pouvoir, ce qui ne pourra de toute façon pas se faire avec la coalition sortante qui a explosé en vol. « Paetongtarn Shinawatra a assuré que ses commentaires étaient une tactique de négociation, mais cela n’a pas aidé à apaiser la colère de l’opinion publique, poursuit à raison le quotidien. » Et de conclure : « la Première ministre n’a pas répondu aux appels à la démission, mais elle s’est efforcée de convaincre le public que son gouvernement était uni à l’armée pour répondre au différend avec le Cambodge. « Nous n’avons pas le temps de nous battre entre nous. Nous devons défendre notre souveraineté et le gouvernement est prêt à soutenir les forces armées par tous les moyens. Nous travaillerons ensemble », a-t-elle déclaré. Paetongtarn Shinawatra a rendu visite ce vendredi au lieutenant-général qu’elle a critiqué dans son appel, Boonsin Padklang, commandant des forces armées dans le nord-est de la Thaïlande, où des affrontements ont eu lieu. »

 

Paetongtarn Shinawatra, Première ministre de Thaïlande
Paetongtarn Shinawatra, la Première ministre thaïlandaise affiche encore un sourire de façade

 

Comment s’extirpe-t-on d’une telle situation ?

 

C’est sans doute Le Monde qui résume le mieux la situation dans laquelle se trouve la dirigeante. « La première ministre thaïlandaise, Paetongtarn Shinawatra, est sur la sellette : conspuée aussi bien par les royalistes que par les progressistes pour sa gestion maladroite du conflit frontalier avec le Cambodge, elle voit se déliter la coalition fragile entre la formation politique des Shinawatra et les partis conservateurs qui lui permet de gouverner depuis août 2024, tandis que le spectre d’un coup d’Etat militaire resurgit dans les débats publics. » Comment s’extirpe-t-on d’une telle situation ?

 

La Bourse de Bangkok a atteint son niveau le plus bas depuis cinq ans

 

Il faut déjà se « rabibocher » avec l’armée. Le verbe est employé par Courrier international, qui raconte, lui aussi, la visite rendue par la Première ministre au général qualifié d’« opposant », préalable à toute tentative de recoller les morceaux. Tous deux semblent avoir enterré la hache de guerre. Ensuite, il faut être politique et diplomate, non pas avec le voisin cambodgien mais avec son propre peuple. Tout cela intervenant dans une période critique pour la stabilité et le développement économiques du pays. « La Thaïlande, habituée aux crises cycliques, a déjà changé de Premier ministre l'an dernier, mais ce pic de tensions s'inscrit dans une nouvelle donne mondiale marquée par l'offensive protectionniste américaine, qui menace de gripper une croissance fragile. Jeudi soir, la Bourse de Bangkok a atteint son niveau le plus bas en cinq ans », rappelle l’hebdomadaire.

Courrier international conclut en nous présentant les deux scénarios évoqués en cas de départ de l’actuelle Première ministre : « la dissolution de l'hémicycle, qui entraînerait l'organisation d'élections anticipées sous 60 jours, ou la nomination d'un nouveau chef du gouvernement sur les bases d'une majorité similaire. » Il faudra certainement encore pas mal de tractations dans les arrière-salles de Bangkok pour parvenir à trancher entre les deux solutions d’avenir.

 

Vers la fin du cannabis récréatif en Thaïlande

 

Cannabis

 

Quel impact aura cette crise politique sur les grands sujets sociétaux du moment ? Difficile à dire. Ouverture ou non des casinos et plus généralement légalisation des jeux d’argent, avenir du cannabis récréatif, nombre de ces sujets sont à l’ordre du jour des discussions gouvernementales et parlementaires. C’est au cannabis que Paris Match s’intéresse, indiquant tout de go que la Thaïlande se prépare à faire marche arrière. Après des années de sévère répression, la Thaïlande, en 2022, est devenue le premier pays asiatique à dépénaliser le cannabis. On a vu depuis fleurir des « weed shops » à tous les coins de rue. Mais voilà, « la Thaïlande s’apprête à interdire (son) usage récréatif, nous annonce l’hebdomadaire. Une nouvelle réglementation face à une explosion des usages récréatifs et des trafics. »

 

90% des points de vente de cannabis en Thaïlande pourraient fermer

 

2022, annonce surprise de la dépénalisation. « Une certaine euphorie s’est alors propagée dans le pays et plus de 10.000 dispensaires ont vu le jour, dopés par l’afflux de touristes et par l’engouement local, explique Match. Toutefois, cette libéralisation s’est faite sans encadrement légal strict et ce vide juridique a rapidement laissé place au désordre. » Alors une nouvelle loi serait en préparation pour revenir à la prescription médicale obligatoire.

« Pour les acteurs du secteur, le choc est brutal, poursuit Match. Chokwan Kitty Chopaka, militante bien connue de la cause et propriétaire d’une boutique à Bangkok, estime que 90 % des points de vente pourraient fermer. Son propre magasin a baissé le rideau début 2025, faute de rentabilité. Après l’explosion de la demande, l’offre a rapidement excédé les besoins : prix à la baisse, concurrence déloyale des produits illégaux. Le retour à un usage strictement médical menace toute une économie parallèle en plein développement. Le cannabis était vu comme un relais de croissance, notamment dans l’agriculture et le tourisme. En 2022, une étude estimait le potentiel du secteur à plus d’un milliard de dollars par an. »

 

La floraison de boutiques a échappé à tout contrôle centralisé

 

Alors pourquoi ce revirement au bout de seulement trois ans ? « Officiellement, ce revirement s’appuie sur plusieurs motifs, explique l’hebdomadaire : une consommation croissante chez les jeunes, une multiplication des points de vente illégaux, et l’essor inquiétant du trafic international. Depuis 2022, la floraison rapide de boutiques – plus de 10.000 enregistrées – a échappé à tout contrôle centralisé. Nombre de commerçants ont contourné les limites légales, notamment le taux maximum autorisé de THC (0,2%), en vendant des produits plus puissants que prévu. Parallèlement, le marché noir s’est renforcé, alimenté à la fois par la demande locale et par des réseaux cherchant à exporter discrètement la marchandise. Les autorités thaïlandaises affirment avoir intercepté, en douze mois, plus de 800 tentatives de contrebande dans les aéroports du pays. Des voyageurs étrangers, notamment britanniques, ont été arrêtés en possession de fleurs, d’huiles ou de produits dérivés du cannabis, dissimulés dans leurs bagages. Certains de ces produits ont fini par réapparaître sur des marchés asiatiques et européens. » Si vous voulez profiter de cette liberté qui rappelle Amsterdam à certains, ne tardez pas.

 

Lâcher des sambars pour sauver le tigre de Birmanie


Tigre

 

L’Opinion et Géo reprennent également un travail de l’AFP mais qui porte celui-ci sur le sauvetage de tigres grâce à un projet de repeuplement. Nous sommes au cœur du parc de Khlong Lan, qui n’est apparemment accessible qu’après une heure de trajet sur des chemins boueux, zigzaguant dans les montagnes qui forment la frontière entre la Thaïlande et la Birmanie. Là y vivait et y revivra le tigre de Birmanie. En quelques années, sa population est passée de quelques centaines à quelques dizaines seulement. Pour inverser la tendance, la méthode est un peu brutale. On lâche dans la forêt une espèce locale de cerfs qui servira de proie aux fauves. Méthode brutale mais efficace.

 

Nombre de sambars se reproduisent tranquillement dans la nature

 

« La Thaïlande espère restaurer sa population de tigres d’Indochine, au bord de l’extinction dans les années 2000, mais qui, grâce aux efforts des autorités et des défenseurs de l’environnement, remontre le bout de son museau, dans des proportions jamais vues en Asie du Sud-Est », expliquent les différents médias. S’il est difficile de reproduire l’opération en Birmanie pour cause de guerre civile, des opérations similaires ont donné des résultats en Inde et au Népal. Le Cambodge sera bientôt concerné. Quant aux amoureux des sambars, ces cousins des cerfs, qu’ils sachent que si certains servent de repas aux tigres, nombre d’entre eux leur échappent et se reproduisent tranquillement dans la nature.

 

Une star du volley thaïlandais a signé à Nancy

 

On termine avec un club de volleyball de l’Est de la France qui n’est pas rancunier. Alors que se déroule la Ligue des Nations féminine, la Thaïlande compte sept défaites pour une seule victoire. Contre la France, nous l’avions évoqué ici. L’Équipe et l’Est républicain nous apprennent que cela n’empêche pas, au contraire, les dirigeants du club de Vandœvre Nancy Volley-Ball d’admirer l’attaquante vedette de l’équipe de Thaïlande, qu’ils ont recruté pour la saison prochaine. Pimpichaya Kokram a remporté cette saison le Championnat d’Allemagne avec le club de Schwerin et prépare le Championnat du Monde qui se déroulera dans son pays, du 22 août au 7 septembre.

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