Au cœur de la Questure de l’Assemblée nationale française, le 11 juin 2025, s’est tenu le Comité de liaison Israël/Palestine. Dans un contexte de guerre prolongée à Gaza, de paralysie politique régionale et de perte de crédibilité de la solution à deux États, cette initiative se veut un acte politique concret : offrir un espace de dialogue parlementaire pour amplifier les voix israéliennes et palestiniennes qui, contre toute fatalité, continuent de croire à la paix.


Organisé par Les Guerrières de la Paix, association fondée en 2022 par Hanna Assouline et récemment nommée pour le Prix Nobel de la Paix 2025, le lancement du comité de liaison Israël / Palestine marque une étape politique dans une séquence diplomatique majeure pour la France. Soutenu par huit députés de différents partis, le comité s’inscrit dans la mobilisation pour une paix juste au Proche-Orient, à la veille de la conférence « L’Appel de Paris pour la solution à deux États » (12–14 juin 2025). Dans un contexte de violences à Gaza, d’impasse en Cisjordanie et de divisions en Israël, cette rencontre parisienne vise à réhabiliter le dialogue. Sans arbitrer ni imposer, le comité donne la parole aux faiseurs de paix, souvent marginalisés. Il s’inscrit dans un effort transnational pour raviver le débat autour de la solution à deux États.

Une structure politique transversale pour sortir des logiques d’affrontement
L’idée de ce comité est née de la volonté de dépasser les cadres bilatéraux classiques des groupes d’amitié parlementaires. Richard Ramos, député MoDem du Loiret et président du groupe d’amitié France-Palestine, explique :
« Il y avait un groupe d’amitié pour Israël, un groupe pour la Palestine… mais il n’y avait pas de groupe pour la paix. Ce comité est là pour cela. » R. Ramos, président du groupe France-Palestine.
D'autres parlementaires comme Léa Balage El Mariky, députée écologiste de Paris, ou Amélia Lakrafi, députée Renaissance de la 10ᵉ circonscription des Français de l’étranger, ont fait le choix de se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens en mai 2025. De retour, elles ont plaidé pour faire de l’Assemblée un lieu d’expression de ces voix de paix.
« On nous dit souvent que là-bas, personne ne veut la paix. C’est faux. Nous avons rencontré des hommes et des femmes bouleversants, qui la veulent, qui la construisent. Il faut les entendre en France », a insisté Amélia Lakrafi.
Israël-Palestine : des voix françaises s’élèvent & refusent de “détourner le regard"

Gaza et Cisjordanie : un état de crise permanent
L’analyse des intervenants internationaux a souligné avec gravité l’effondrement humanitaire et politique en cours. Hiba Qasas, fondatrice de la Principles for Peace Foundation, a évoqué « une situation devenue intolérable » : « Les deux peuples, entre la rivière et la mer, sont piégés dans un cycle de traumatismes et de dégénérescence. À Gaza, les gens sont déchirés, les accès humanitaires sont bloqués, les violations du droit international se multiplient. » Elle a rappelé que la situation en Cisjordanie n’était pas moins alarmante : « C’est l’un des pires épisodes depuis 1967 en termes de déplacements forcés et d’expansion des colonies. » Mohammad Daraghmeh, journaliste et analyste politique palestinien, a, quant à lui, dénoncé une stratégie d’épuisement : « Plus de 54.000 Palestiniens ont été tués. Israël a réduit ses exigences, passant de 200 à 6 dirigeants du Hamas à expulser. Ces six-là ont été tués. Il n’y a plus de logique dans cette guerre. »
En Israël, une opinion publique en rupture avec le pouvoir
L’ancien diplomate israélien Eran Etzion, qui fut conseiller au Conseil de sécurité nationale, a livré une analyse implacable de la fracture politique en Israël :
« 80 % des Israéliens veulent que la guerre cesse, que les otages soient libérés et qu’il y ait des élections. » Eran Etzion, ancien diplomate israélien.

Une demande claire : la reconnaissance de l’État palestinien
Nidal Foqaha, directeur de la Palestinian Peace Coalition et pilier de l’Initiative de Genève, a rappelé que les aspirations palestiniennes demeuraient constantes et réalistes : « Les Palestiniens veulent vivre en paix avec Israël. Ils veulent aussi la libération des otages israéliens, un cessez-le-feu, la reprise d’une vie normale. » Il insiste sur la portée diplomatique d’un geste fort de la France :
« La reconnaissance par la France ne serait pas une simple déclaration symbolique. Ce serait un signal, un levier, une base pour entraîner d’autres pays européens. » Nidal Foqaha, directeur de la Palestinian Peace Coalition
Une parole politique française attendue, ici et maintenant
À travers toutes ces interventions, un appel fort s’est dessiné à destination des parlementaires français. Selon Hiba Qasas, « Le leadership de la France, celui du président Macron, mais aussi le vôtre en tant que député, est décisif. Il est temps d’exercer cette influence pour ouvrir une voie politique. » Nidal Foqaha, est clair :
« Tant que vous ne nous abandonnez pas, nous continuerons. Nous lutterons contre les extrémismes, de part et d’autre. Mais nous avons besoin de vous. » Nidal Foqaha
Le Comité de liaison Israël/Palestine ne prétend pas résoudre le conflit. Il se veut un espace de parole, un lieu de reconnaissance mutuelle, un outil parlementaire pour agir à l’échelle française et européenne. Il incarne un refus de l’indifférence et une volonté de redonner du souffle à un projet de paix aujourd’hui marginalisé.
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