C’est un appel d’urgence, grave et solennel, que lance une délégation transpartisane de députés français aux côtés des Guerrières de la Paix. À leur retour d’une mission de terrain en Israël et dans les territoires palestiniens, parlementaires et militantes ont porté d’une même voix un message de paix. Un comité de liaison Israël-Palestine à l'Assemblée nationale se crée.


Les Gazaouis suffoquent. Les hôpitaux sont des morgues, les écoles sont des ruines. Effacer la perspective de souveraineté, c’est organiser un nettoyage ethnique
Face à l’étouffement d’un peuple, des voix françaises s’élèvent. Du 7 au 11 mai 2025, à l’initiative des Guerrières de la Paix, une délégation de parlementaires s’est rendue à Jérusalem, Hébron, Ramallah, Tel-Aviv, en Cisjordanie et jusqu’aux abords de Gaza. Parmi eux, Léa Balage El Mariky, députée écologiste, Jérôme Guedj, député PS, Amélia Lakrafi, députée des Français de l’étranger, Ensemble, Dominique Potier, député PS et Chloé Ridel, députée européenne PS .
Qui sont les Guerrières de la Paix ? Fondé en France en 2022 par Hannah Assouline, Prix Nobel de la Paix 2025, le mouvement rassemble des femmes de toutes origines et convictions, unies dans la lutte contre toutes les formes de haine : racisme, antisémitisme, islamophobie, haine anti-LGBTQI+. Engagées en France comme à l’international (Ukraine, Iran, Palestine, Israël…), elles militent pour l’émergence de voix nouvelles dans les processus de paix.
Le leadership actuel est décevant. C’est le moment d’émergence de nouveaux leaders
“Nous refusons de détourner le regard” une mission de terrain éprouvante
L’immersion est profonde auprès des ONG, familles endeuillées, militants de la paix, figures locales palestiniennes et israéliennes “Les Gazaouis suffoquent. Les hôpitaux sont des morgues, les écoles sont des ruines. Effacer la perspective de souveraineté, c’est organiser un nettoyage ethnique. Nous refusons de détourner le regard. Nous marchons aux côtés de ceux qui se battent pour la justice et la dignité. Nos paroles ne sont pas des slogans : ce sont leurs rêves, leurs voix, leurs engagements. Ces peuples sont des remparts.” martèle avec émotions Hannah Assouline.
Plus le temps passe, plus la création d’un État palestinien devient compliquée.
Chaque député présent témoigne du choc, de la complexité, mais aussi de la nécessité de « se confronter à la réalité du terrain », comme le souligne Amélia Lakrafi : “Le choc est immense, face à la brutalité subie par deux peuples. Mais il y a de l’espoir, une énergie de chaque côté qui veut changer la réalité. Notre rôle est de leur donner la parole.” Dominique Potier, revient sur les rencontres marquantes et preuve qu’un avenir de paix est possible : “Nous avons rencontré des femmes artisanes de paix : Leïla, du Cercle des familles endeuillées, Nada, engagée en Jordanie, Nava, guide porteuse d’une mémoire vivante. Leur courage nous oblige.” Mais le député rappelle aussi la fragilité de ces dynamiques : “Ces mouvements sont prophétiques, plus que majoritaires. Mais ils représentent une petite lumière d’espoir. Plus le temps passe, plus la création d’un État palestinien devient compliquée.”
“L’Union européenne est divisée. Elle ne parle pas d’une seule voix. Ce silence nous fragilise”.
Le déplacement culmine lors de la conférence internationale « It’s Time », rassemblant des milliers d’acteurs pour une paix juste et durable. Ce sommet a permis de mettre en lumière "une nouvelle génération de militants pour la paix", souligne Chloé Ridel lors d’une conférence de presse, appelant à "la tenue d’un sommet exceptionnel pour une solution à deux États. It’s time représente l’urgence d’agir pour poser la première pierre. Le leadership actuel est décevant. C’est le moment d’émergence de nouveaux leaders". La députée européenne regrette cependant une voix commune de l’UE “L’Union européenne est divisée. Elle ne parle pas d’une seule voix. Ce silence nous fragilise”.

Un comité de liaison Israël-Palestine pour rompre le silence
Le 15 mai, à l’Assemblée nationale, les députés ont lancé une initiative inédite : la création d’un Comité de liaison Israël-Palestine. Ce comité est un espace de suivi parlementaire, d’échange et d’action pour soutenir les voix du dialogue. “Il est créé pour sortir du couloir et bâtir des passerelles entre les groupes d’amitié” commente Léa Balage El Mariky. Pour Jérôme Guedj, c’est “une espérance dans des sociétés qui se sont figées et fissurées”
Le comité annoncé s’articulera autour de cinq principes portés par les parlementaires et les Guerrières de la Paix : la reconnaissance de l’État de Palestine, la valorisation des voix qui œuvrent pour la paix, le respect du droit international, la création d’un cadre de débat juste, la construction d’une solution politique durable. Les Guerrières de la Paix continuent en parallèle leurs actions de sensibilisation. Pour le mouvement, résister c’est croire que la paix est possible. Le silence, lui, ne sauvera personne.
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