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ALFA : "Rencontre et sensibilisation à l'art" au Portugal et en France

Alfa, Association Luso-Française d´Art, présente en partenariat avec la galerie Oficina Impossível une exposition de l´artiste français Jacques Lemerre intitulée « Passages » du 10 au 31 mai. A cette occasion Lepetitjournal a été à la rencontre des deux promoteurs de ce projet : Jean-Michel Albert responsables de l´association Alfa et Catarina Pombo Nabais de la galerie.

AlfaAlfa
@MJ Sobral
Écrit par Maria Sobral et Lison Segui
Publié le 8 mai 2025, mis à jour le 12 mai 2025

L´Association Alfa a pour mission de mettre en valeur des artistes francophones et lusophones au Portugal et en France. Son responsable Jean-Michel Albert contribue à son développement avec une riche expérience internationale. Ancien expatrié entre autres en Finlande, au Sénégal et puis au Portugal où il réside depuis plus de dix ans, il a longtemps été coordinateur au lycée français Charles Lepierre, à Lisbonne. Aujourd'hui retraité, il consacre une partie importante de son temps à Alfa. Sa rencontre avec Fernando Ribeiro, commissaire d'exposition au MAAT, a été décisive : ensemble, ils ont initié les premiers projets de l'association, convaincus de la nécessité de créer un pont culturel entre artistes francophones et lusophones.

Catarina Pombo Nabais est à l´origine de la galerie Oficina Impossível, philosophe de formation, elle est issue d'un milieu mêlant pensée et création artistique. Très tôt, elle a ressenti le besoin de conjuguer ses recherches philosophiques à une pratique artistique vivante, incarnée. Pour elle, impossible de faire de la philosophie sans lien direct, affectif et concret avec l'art et les artistes. Ce besoin d'ancrage l'a conduite à imaginer un lieu hybride, entre espace de création, de réflexion et de rencontre. Elle revendique un projet à double facette, académique et artistique, et tient à ce que la galerie soit un espace accessible, chaleureux, loin des codes élitistes habituels.

Nous avons été à leur rencontre pour les entendre sur ce projet artistique.

 

Lepetitjournal : Comment a surgi la création de l´association Alfa ?

Jean-Michel : La galerie a ouvert en janvier 2020, mais l'association ALFA existe depuis 2019. Elle a été cofondée par Fernando Ribeiro, commissaire au Musée de l'Art, de l'Architecture et de la Technologie (MAAT) et moi-même. Dès 2019, nous avons organisé une première exposition à la Société nationale des Beaux-Arts de Lisbonne, avec une artiste française. Tous les deux, nous étions animés par une passion commune pour l'art. Dès le départ, nous voulions créer des liens entre la France et le Portugal, entre la langue et la culture. Notre mission principale reste cependant la promotion d'artistes francophones au Portugal et d'artistes lusophones en France.

Nous avons choisi de fonder une association car nous ne disposions pas de local fixe. Nous contactons directement les artistes avec qui nous souhaitons travailler, et nous nous installons là où cela est possible, en France ou au Portugal. Par exemple, à Tours, nous avons présenté des artistes portugais et lusophones.

 

Et, comment peut-on devenir membre de cette association ?

N'importe qui peut devenir membre à partir de 15 € par an, ou 25 € si on le souhaite. En contrepartie, les membres reçoivent une newsletter régulière avec des articles et des nouvelles de la scène artistique entre la France et le Portugal. On y présente aussi les artistes et les événements à venir.

En fait, nous sommes très investis dans l'organisation des expositions, ce qui nous laisse peu de temps pour développer l'adhésion, peut-être à tort. C'est pourquoi nous avons lancé une campagne pour rappeler que ces projets existent grâce aux cotisations. Nous ne sommes pas une galerie marchande : nous ne vendons pas d'œuvres. Nous vivons de « dons » liés aux ventes et surtout des adhésions.

 

Quelle est la fréquence des expositions que vous présentez au public ?

Chaque exposition dure entre 4 et 5 semaines. Cela peut sembler court, mais pour le public, ce rythme fonctionne bien. On préfère éviter la course à l'événement et les objectifs par année, car monter une exposition prend beaucoup de temps. En général, on organise quatre expositions par an : deux entre janvier et juin et deux entre septembre et Noël. C'est un rythme raisonnable.

Un des enjeux reste le coût du transport des œuvres, notamment depuis la France. Même si certaines œuvres sont vendues, il faut prévoir le retour de celles qui ne le sont pas. Nous partageons ces frais avec les artistes et parfois avec les galeries partenaires.

 

Pouvez-vous nous parler de votre partenariat avec la galerie Oficina Impossível ?

Nous avons décidé de travailler ensemble depuis l´été 2024, et nous avons commencé avec une exposition de Jean-Pierre Gaudin qui est un artiste français proposé par Catarina de la galerie Oficina Impossível et l´objectif c´est qu´il y ait un échange entre nous qui permette d´enrichir nos propositions au public. Ensuite en décembre/janvier nous avons exposé Claudia Clemente dont Catarina était conservatrice lors de son exposition à l´Alliance Française de Lisbonne. Et pendant ce mois de mai nous présentons ensemble 58 œuvres de Jacques Lemerre que je connais depuis longtemps, Il a été mon professeur d´art plastique à l’école normale et depuis j´ai un lien d´amitié avec lui.

 

Catarina, pouvez-vous nous dire ce qui vous a intéressé dans le projet de la galerie Oficina Impossível ?

Catarina : Quand j'ai ouvert la galerie, je savais que je ne voulais pas d'un « cube blanc ». Je voulais un espace avec des livres, où les gens puissent lire, avoir un rapport plus accessible à l'art. Pour moi, « consommer" l'art, c'est aussi pouvoir se détendre et lire tranquillement un ouvrage dans un lieu accueillant.

Personnellement, j'ai une forme d'allergie aux galeries trop élitistes. Je préfère un lieu ouvert, avec un canapé, où même quelqu'un qui ne connaît pas grand-chose à l'art puisse entrer sans gêne. Je veux déconstruire l'élitisme artistique.
Oficina Impossível n'est pas seulement un projet d'exposition, c'est aussi un espace de création. Ce qui m'intéresse, c'est tout le mouvement : le moment de création, les discussions qui s'en suivent, puis l'exposition. On essaie de faire une exposition par an avec les artistes en résidence, puis d'autres avec des invités. Cela favorise les rencontres, même entre artistes, et les croisements de parcours.

 

Aussi bien Catarina que Jean-Michel, quel message principal souhaitez-vous transmettre au moyen de l'art ?

Catarina : Quand quelqu'un me dit en partant : « Avec vous, c'est facile à comprendre », cela me touche. Cela signifie qu'on a pu partager quelque chose, transmettre le cheminement de l'artiste et l'acte de création. C'est exactement notre mission : transmettre au public ce que nous avons compris, ce qui nous a marqué. À partir de là, nous construisons un discours, un lien.

Jean-Michel : On veut que personne ne reparte en se disant : « Je n'ai rien compris ». Ce serait frustrant pour tout le monde : pour le public, pour les artistes et pour nous. La compréhension ne signifie pas forcément adhésion esthétique, mais il faut au moins que le sens circule.

Nous n'avons pas forcément de message à transmettre. Ce que nous voulons, c'est créer un espace de rencontre et de sensibilisation à l'art. Je ne cherche pas à imposer une idée, mais j'espère que ces rencontres seront fertiles, que le public pourra avoir un contact direct avec l'art.

Catarina : Et puis nous apprenons aussi dans ce processus. Une autre chose essentielle pour nous, c'est le travail avec les enfants, même les tout-petits. À 4 ans, ils sont très ouverts et c'est formidable de les voir interagir avec l'art, parfois même en lien avec ce que font leurs parents. J´organise, par ailleurs, des séances avec des écoles portugaises qui viennent rencontrer les artistes qui travaillent ici en résidence, au-dessus de la galerie où il y a des ateliers. C'est très pédagogique, nous proposons des ateliers où les artistes partagent des techniques, des secrets d'artistes, appréciés par les enfants.

 

Les artistes que vous avez en résidence sont-ils de passage ?

Catarina : Certains artistes sont là depuis le début, en 2019, et ont une résidence artistique. Mais je réserve aussi toujours un espace pour des résidences temporaires, souvent de 2 à 3 mois, notamment pour les artistes étrangers.
La Galerie Oficina Impossível est donc bien plus qu'un espace d'exposition, en partenariat avec l´association Alfa c'est un projet engagé pour une rencontre entre les publics et les artistes francophones et lusophones, avec une pratique vivante où l'art est un langage commun, un terrain de dialogue ouvert à toutes et tous.


Exposition « passages » à la Galerie Oficina Impossível, Cc Marques de Abrantes nº100-102 à Lisbonne.
Vernissage en présence de l'artiste le 9 mai à 19h.

Rencontre Jacques Lemerre avec le public IFP le 10 mai à 11h.
Visite commentée de l'exposition par l'artiste le 14 mai à 19h.
En savoir plus : alfa-luso.art

 

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